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- Bande dessinée
Pour son nouveau roman graphique, le bédéaste américain Derf Backderf a mené une enquête rigoureuse sur le meurtre, le 4mai 1970, de quatre étudiants par la garde nationale.
ParFrédéric Potet
Temps de Lecture 2 min.
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Derf Backderf avait 10ans quand, le 4mai1970, quatre étudiants de l’université de Kent State (Ohio) furent tués par la garde nationale alors qu’ils manifestaient contre l’intervention américaine au Cambodge. La fusillade s’est déroulée à 25kilomètres de chez lui. Un demi-siècle plus tard, le dessinateur américain (Mon ami Dahmer, Trashed, True Stories…) publie une enquête méticuleuse et très documentée sur les événements ayant conduit à ce drame au retentissem*nt mondial (qui inspira notamment à Crosby, Stills, Nash &Young la protest song Ohio).
Kent State raconte les quatre jours ayant précédé la tuerie en se focalisant sur un petit nombre de personnages: les quatre victimes, mais aussi un membre du peloton présent sur le campus ou encore un étudiant-photographe manipulé par le FBI. Ancien journaliste, Backderf a multiplié les recherches pendant quatre ans. Il a notamment retrouvé des amis proches de Jeff Miller, mort à 20ans d’une balle en plein visage. «Aussi étonnant que cela puisse paraître, certains de mes interlocuteurs n’avaient jamais parlé à la presse, craignant d’être encore dans le collimateur du FBI», relate le bédéaste originaire de Richfield (Ohio).
Une question toujours sans réponse
L’une de ses sources lui a notamment appris que Jeff Miller et Sandy Scheuer, également tuée ce jour-là à Kent State, s’étaient liés amoureusem*nt peu de temps auparavant –information ne figurant dans aucun des nombreux ouvrages publiés sur la fusillade. Backderf a aussi rencontré un membre de la garde nationale, non présent sur le site car affecté alors à la surveillance d’une usine de traitement des eaux. «Même cinquante ans plus tard, aucun garde ne parle de ce qui s’est passé ce jour-là», dit-il.
![«Kent State», cold cases dans l’Ohio (1) «Kent State», cold cases dans l’Ohio (1)](https://i0.wp.com/img.lemde.fr/2020/09/17/0/0/964/1500/664/0/75/0/2b7e515_53226-3187731.jpg)
Sa principale difficulté fut de ne pas se noyer sous des archives volumineuses, consignées à la bibliothèque de Kent State ou à celle de l’université Yale. L’auteur a également écouté des dizaines d’heures d’enregistrements audio réalisés auprès des témoins du massacre; il a enfin décortiqué les procès-verbaux des trois procès auxquels la tragédie a donné lieu –aucun tireur ni représentant officiel n’ayant été tenu responsable, au final.
Porté par une reconstitution minutieuse de l’Amérique des seventies, son roman graphique fourmille de détails et d’informations, toutes «sourcées» à la fin de l’ouvrage sur 26pages de notes, ceci afin de couper court à toute remise en cause. «Il y a encore beaucoup de polémiques sur la temporalité des faits», indique-t-il. Particulièrement bouleversante est la dernière partie du livre, qui voit un groupe de 50étudiants pacifiques se faire canarder sauvagement. «Ces scènes illustrent la capacité de la BD à représenter des événements quasi dépourvus d’images photo ou filmées», souligne Derf Backderf, dont l’enquête n’aura toutefois pas résolu le grand mystère de Kent State: qui a donné l’ordre de tirer?
Kent State. Quatre morts dans l’Ohio, De Derf Backderf, éditions Çà et là. 288p., 23€.
Frédéric Potet
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